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maloute45
02/01/2018, 15h05
LE TROGLODYTE MIGNON
Il est un des plus petits oiseaux d’Europe et aussi un des plus sonores: le troglodyte mignon
se fait surtout remarquer par son chant.
Il passe le plus clair de son temps caché au cœur des broussailles, et c’est plutôt en sautillant
qu’en volant qu’il se déplace dans le sous-bois.
Il a besoin de buissons denses et de bois mort pour construire son nid sphérique.

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Fig. 1 - Ce farfadet est doté d’une voix puissante: le chant du troglodyte
s’entend à plus de 500 m de distance.
Photo: Robert Lorch.

Le paysage est couvert de neige.
La nature est au repos hivernal et le silence règne dans la forêt.
Pourtant un chant d’oiseau jaillit soudain du sous-bois.
Cette voix puissante est celle du troglodyte mâle, qui défend vigoureusement son territoire
dès le mois de février.
A un mètre de distance, ses vocalises atteignent 90 décibels, soit l’équivalent d’un marteau-
piqueur.

Ce volume impressionnant est toutefois trompeur car le troglodyte (Troglodytes troglodytes)
est un des plus petits oiseaux d’Europe et ne dépasse que le roitelet huppé et le roitelet à
triple bandeau.
Son air effronté et sa taille minuscule font de lui une des espèces d’oiseau préférées et les
mieux connues sous nos contrées.


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Fig. 2 - Que ce soit en forêt ou à proximité des zones résidentielles, le troglodyte
se sent bien dans les habitats un peu "désordonnés".
On le trouve surtout dans le sous-bois.
Photos: Doris Hölling (WSL)

Il vit essentiellement à la surface du sol, et se faufile à la manière d’une souris dans les
fourrés, entre les racines d’arbres tombés à terre et dans les tas de branches et de branchages.
Son bec fin et légèrement recourbé lui permet d’attraper les araignées, les faucheurs, les
mites, les mouches et autres insectes.
C’est au printemps, avant le débourrement complet des arbres et pendant la pariade du
troglodyte, que les chances de l’observer sont les meilleures.
Il quitte alors pour quelques instants les fourrés pour un perchoir d’où il lance ses vocalises
en tournant la tête de gauche à droite.

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Fig. 3 - Le troglodyte a une préférence marquée pour les forêts feuillues
et mélangées riches en sous-bois et comportant du bois mort en quantité suffisante.
Il construit par exemple son nid dans des cavités de troncs ou des tas de branchages.
Photo: Doris Hölling (WSL)

Lorsque l’on aperçoit un troglodyte, on l’identifie sans équivoque.
Avec sa queue dressée à la verticale, son plumage cuivré barré de noir sur le dos, ses sourcils
clairs et sa taille minuscules, il est reconnaissable entre tous.
Ses courtes ailes rondes sont peu propices au vol, ce qui explique qu’il ne vole que sur de
faibles distances, en dehors de la migration, et qu’il évite les zones dégagées.
Ses longues pattes sont prolongées par de longs orteils munis de serres puissantes qui lui
permettent de grimper à la verticale sur des troncs d’arbre à la manière du grimpereau.


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[I]Fig. 4 - Jeunes troglodytes dans leur nid de mousse, feuilles mortes et brindilles.
Photo: Armin Kübelbeck

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Fig. 5 - Cette femelle troglodyte offre une chenille à ses petits.
Photo: Armin Kübelbeck


Les mâles et les femelles se distinguent par leur comportement: seuls les mâles chantent,
alors que seules les femelles couvent les œufs.
En présence d’un prédateur au sol, le troglodyte se défend en donnant de la voix.
Si un prédateur s’approche par les airs, il fuit vers une cachette sûre...

Anecdote, petite histoire....

Une fable de l’auteur grec Esope datant d’environ 600 av. J.-C. raconte que les oiseaux
décidèrent de couronner roi celui d'entre eux qui volerait le plus haut.
Le malin petit troglodyte se cacha dans le plumage de l’aigle.
Lorsque ce dernier pensa avoir atteint l’altitude la plus haute, son passager bien reposé
s’élança à son tour en s’écriant "le roi, c’est moi !".

Courroucés, les autres oiseaux l’enfermèrent dans un trou de souris, dont il parvint cependant
à s’échapper.
Depuis, le troglodyte se terre dans le sous-bois par crainte d’être retrouvé.

Cette fable a été transmise dans de nombreuses langues.
Les frères Grimm la découvrirent en 1812 et l’adaptèrent pour l’intégrer dans leur collection
de contes.
D’autres langues connaissent également des contes mettant en scène le troglodyte.

Le nom français et scientifique du troglodyte, qui vient du grec et signifie "habitant des
cavernes", n’est pas tout à fait approprié puisque seul le nid du troglodyte ressemble à une
caverne.
Dans les pays germanophones, peu d’autres oiseaux ont autant de noms différents, ce qui
reflète bien la popularité de ce petit oiseau.