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Voir la version complète : Oiseaux venimeux, toxiques, vénéneux.


maloute45
27/10/2015, 15h55
Source : "Science magazine", vol. 258, no 5083, 30 octobre 1992

OISEAUX VENIMEUX - TOXIQUES - VENENEUX

]Dans l'immense panoplie des défenses vitales, la nature a produit le toxique.
Dans l'emploi de cette stratégie, le serpent est, à nos yeux, comme un modèle d'empoisonneur.
Qu'elle soit offensive venimeuse ou passive vénéneuse, l'arme chimique est également
largement répandue chez l'insecte ; le scorpion, l'araignée et l'abeille fournissent ainsi
d'autres modèles.

Mais la défense vénéneuse surprend beaucoup lorsqu'on la rencontre chez le mammifère.
Ainsi la musaraigne à queue courte, endémique de l'Amérique, Blarina brevicauda, petit
animal aux dents rouges, dont la salive puissamment toxique pourrait, une fois concentrée,
tuer deux cents souris par injection.
On peut aussi penser au mâle de l'ornithorynque, l'étrange monotrème australien équipé, lui,
à la base des membres postérieurs, de deux éperons à venin, qui délivrent une toxine
pouvant occire un chien.
Mais l'oiseau ?
Imagine- t-on un oiseau vénéneux ?
Pourtant cet être existe.

Certains oiseaux sont toxiques, et pas qu'un peu!

Des membres du genre Pitohuis (le Pitohui bicolore, le Pitohui variable, le Pitohui huppé, le
Pitohui châtain et le Pitohui noir) ainsi que l'Ifrita de Kowald, contiennent de
l'homobatrachotoxine, dérivée de la batrachotoxine, l'un des poisons animal les plus violents,
que l'on retrouve habituellement chez des coléoptères et des batraciens.

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Ifrita de Kowald (Ifrita kowaldi - 1899)
Illustration : John Gerrard Keulemans

Venimeux, vénéneux, toxique?

L'une des caractéristiques d'un poison est sa toxicité.
Un être vivant, qu'il soit venimeux ou vénéneux, constitue ainsi un organisme toxique - ou
inoculant des molécules toxiques.

La principale différence entre le caractère venimeux ou vénéneux est le mode d'inoculation :
Actif pour le venin (venimeux), passif pour la substance toxique (vénéneux).
Ainsi, le mode d'inoculation d'un venin est relativement direct (morsure, piqûre) quand le
mode d'inoculation d'une substance toxique (vénéneuse) est indirect (par ingestion, par
contact ou par dépôt).
Il existe certains cas limites, dont les oiseaux venimeux/vénéneux comme les pitohuis, ou le
Varan du Komodo dont la salive contient des bactéries dangereuses.


L'oiseau vénéneux

En acceptant de définir la nature toxique selon le mode d'inoculation, on considère les
Pitohui et l'Ifrita de Kowald comme des animaux vénéneux : ils produisent de
l'homobatrachotoxine, un poison très violent habituellement produit par des coléoptères,
mais que l'on retrouve également chez des batraciens (sous une forme analogue,
batrachotoxine) des familles Dendrobates (grenouilles sud-américaines, notamment
Phyllobate terribilis), pourtant très éloignés, du point de vue phylogénétique.

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La découverte de la toxicité des pitohuis est fortuite : John Phillip (surnommé Jack)
Dumbacher, alors assistant conservateur au Département d'ornithologie à l'Académie des
sciences de Californie, fut accidentellement griffé par un pitohui bicolore.
Alors qu'il léchait sa blessure, il sentit des picotements et brûlures sur ces lèvres et sa
langue, sensations qui durèrent plusieurs heures.
Renouvelant volontairement l'expérience en portant à sa bouche une plume de pitohui, il en
ressentit les mêmes effets plus fortement : selon son expression, c'est comme s'il mettait la
langue sur une pile de 9 volts.
Il fit alors part de son étrange découverte, qui constituait une première : aucun oiseau
vénéneux n'était encore connu.

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Pitohui bicolore (Pitohui dichrous)
Televersé par Berrichard

Le Pitohui bicolore et ses congénères habitent l'Australie, la Nouvelle Guinée et l'Indonésie.
La sécrétion d'homobatrachotoxine provient probablement de leur régime alimentaire,
incluant des coléoptères Chorezine dans lesquels on trouve la batrachotoxine.
Cette neurotoxine, que l'on trouve également chez les grenouilles sud américaines de la
famille des dendrobates est extrêmement puissante : 5 fois plus puissante que le curare, une
dose de 100 microgrammes, l'équivalent de deux grain de sel, suffirait à tuer un homme de
68 kg.
Il est probable que ce poison agisse très rapidement sur un prédateur qui tenterait de le
happer.
Ces prédateurs sont d'ailleurs peu nombreux, y compris chez les hommes indigènes, qui
considèrent que l'oiseau ne doit pas être mangé sans être spécialement préparé.
Il semble même que cette technique chimique défensive soit si efficace que certains oiseaux
lui ressemblant, imitent son cri afin de passer pour un pitohui vénéneux et éviter la prédation !

serine
27/10/2015, 16h07
merci pour le partage - un peu moins bête qu'hier ...

carapace
27/10/2015, 19h14
une fois de plus , merci pour le partage!
en effet a nouveau on se couchera moins "ignorant" ce soir, et une fois de plus, grâce à toi.:one8:

simba19952
27/10/2015, 21h00
bonsoir,
merci pour le partage, tres interessant




michel

Zamenhof
27/10/2015, 22h08
Merci !!! :one8:

serine
18/12/2015, 19h06
c'est un peu comme avec les grenouilles elles annoncent la couleur :wideeyed:

mincheneaujack
18/12/2015, 20h33
Merci LEON