PDA

Voir la version complète : Le baguage des passereaux


fethi d'alger
13/06/2015, 12h25
Le baguage des passereaux : problèmes et solutions
Si généralement les passereaux supportent bien les bagues qu’on leur pose pour les étudier, ce n’est pas toujours le cas : comment faire pour limiter les problèmes ?
source : Ornithomedia
Le baguage est une technique essentielle pour les ornithologues. Elle est utilisée sur un grand nombre d'oiseaux dans le monde entier et a fait progresser nos connaissances sur leur biologie, leur comportement et la dynamique de leurs populations. Les bagues sont essentiellement métalliques ou plastiques : les premières, sur lesquelles sont gravées des informations, sont conçues pour durer longtemps, ce qui permet d’étudier les sujets tout au long de leur vie et de coordonner les études au niveau national ou international. Les bagues plastiques colorées permettent de repérer rapidement les individus sans avoir besoin de les recapturer.
Le baguage étant pratiqué sur des dizaines de milliers d’oiseaux chaque année, il est important d'identifier ses effets négatifs potentiels, non seulement pour des raisons éthiques mais aussi parce que des sujets handicapés ou gênés ne réagiront pas normalement, ce qui faussera les résultats de l'étude.
Dans un article publié en 2012 dans la revue en ligne PlosOne, des ornithologues ont recensé les problèmes rencontrés chez l'Acanthize mignon (Acanthiza pusilla) (deux populations), le Mésangeai imitateur (Perisoreus infaustus) et le Mérion couronné (Malurus coronatus) lors de différents programmes de baguage ayant duré plusieurs années, et ont proposé des solutions pour les régler, ou du moins pour les limiter.
101754
Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) semblant très "gêné" (difficulté à se poser notamment) à cause de sa bague métallique, Châteauneuf-sur-Loire (Loiret), le 04/05/2015.
Photographie : Mary Moreau-Dutheil
Les bagues peuvent causer des problèmes
Les problèmes causés par les bagues sont liés à leur taille, aux matériaux utilisés, au mode de vie et à l’habitat des oiseaux étudiés. Des tailles recommandées de bagues ont été déterminées pour beaucoup d’espèces, mais ces conventions ne sont pas toujours appliquées par les bagueurs.
Les matériaux les plus utilisés sont le PVC (marques Darvic ou Salbex) et le polyméthacrylate de méthyle (PMMA). Le Celluloïd est devenu rare. Les bagues en PVC durent longtemps (plus de dix ans dans des conditions normales), mais certaines espèces d’oiseaux les tolèrent assez mal. Les bagues en PMMA peuvent être utilisées avec une grande variété d’oiseaux, mais leurs éventuels effets négatifs n’ont pas été évalués.
Il est important de surveiller les oiseaux bagués afin de repérer d’éventuels problèmes et de chercher des solutions : par exemple, en cas d’inflammation, les bagues plastiques peuvent être remplacées par des bagues colorées en aluminium anodisé, même si les couleurs de ces dernières s’effacent souvent en quelques années. Les bagues en aluminium éloxé sont plus durables mais elles ne sont pas commercialisées car elles sont trop chères. Les bagues métalliques peuvent être ornées de bandes colorées ("pin-striping") ou de la résine époxy, mais ces méthodes sont très laborieuses et de tels produits ne sont pas vendus.
Précisons que d'autres types de marques que les bagues peuvent poser des problèmes aux oiseaux, comme les marques alaires (lire Le marquage alaire est-il risqué pour les busards ?) ou les colliers (lire Les oies équipées d'un collier sont plus faibles au printemps).
101755
Pose d'une bague en aluminium sur la patte d'un Serin cini (Serinus serinus).
Photographie : Júlio Reis / Wikimedia Commons
Les programmes de baguage des Acanthizes mignons (Acanthiza pusilla)
Des Acanthizes mignons ont été étudiés par Michael Griesser, Nicole A Schneider, Mary-Anne Collis et Naoko Takeuchi dans des forêts de Tasmanie entre 2009 et 2011 afin de comprendre l’influence de la prédation sur leurs comportements parentaux. Les oiseaux étaient suivis durant la période de reproduction (octobre-décembre) et la saison postnuptiale (janvier). À partir de 2006, l’espèce a aussi fait l’objet de recherches de la part d’Anthony Overs, de Sarah et de Michael Guppy dans le cadre d’un projet d'étude de l’écologie des oiseaux forestiers des côtes de la Nouvelle-Galles du Sud : les individus étaient capturés deux fois par an, durant la saison de reproduction et en octobre-décembre.
Des études ayant montré que les bagues plastiques pouvaient causer des inflammations, les biologistes ont obtenu la permission d’utiliser sur les oiseaux de Tasmanie un nouveau type de bague combinant le plastique et le métal ("plastic-on-metal") : elle était posée sur une patte, tandis qu’une bague en aluminium était placée sur l’autre.
En Nouvelle-Galles du Sud (Australie), chaque oiseau était marqué avec une bague en aluminium et trois bagues plastiques (en PVC ou en Celluloïd) : une au-dessus de la bague en aluminium sur une patte et deux sur l’autre.
20 oiseaux ont aussi été munis de bagues métalliques (deux sur chaque patte) en aluminium anodisé d’un diamètre interne de 2 mm.
101756
Acanthize mignon (Acanthiza pusilla), Tasmanie (Australie).
Photographie : JJ Harrison / Wikimedia Commons
Le programme de baguage de Mésangeais imitateurs (Perisoreus infaustus)
Des Mésangeais imitateurs sont suivis depuis 1989 en Suède par Jan Ekman et Michael Griesser pour comprendre la structure des groupes familiaux et étudier les liens entre l'habitat, la prédation du nid et la dynamique des populations. Le site d'étude était situé près d’Arvidsjaur, 100 km au sud du cercle arctique. La température hivernale moyenne était de -18 °C en hiver. Les oiseaux étaient suivis toute l’année. Tous étaient munis d’une bague en acier inoxydable et deux à trois bagues plastiques (PVC ou Celluloïd) (une au-dessus de la bague métallique et deux sur l’autre patte). 1258 oiseaux ont été marqués entre 1989 et 2011, puis observés régulièrement et recapturés une fois par an. Leurs pattes étaient inspectées et les éventuels problèmes relevés.
101757
Mésangeai imitateur (Perisoreus infaustus) bagué en Finlande.
Photographie : Estormiz / Wikimedia Commons
Le programme de baguage de Mérions couronnés (Malurus coronatus)
Des Mérions couronnés ont été étudiés dans l’ouest de l’Australie entre 2005 et 2010 par Sjouke A Kingma, Anne Peters et Michelle L. Hall afin de comprendre leur mode de communication acoustique et leur reproduction coopérative. Le climat de la zone d’étude était tropical et humide (752 mm de précipitations annuelles) et la température moyenne maximum en novembre est de 41°C. Les mérions vivaient le long des rivières bordées de pandanus. Ils ont été équipés d’une bague en aluminium (diamètre interne de 2 mm puis de 2,3 mm) et d’une combinaison unique de trois bagues en plastique : une au-dessus de la bague métallique et deux sur l’autre patte. La bague plastique en contact avec les doigts a ensuite été remplacée par une bague métallique, puis à partir de 2008, tous les nouveaux oiseaux capturés ont été munis d’une seule bague métallique sur chaque patte. Les éventuels problèmes ont été notés.
Problèmes constatés : inflammations causées par une accumulation de matériaux
Trois types de problèmes causés par les bagues en plastique ont été observés chez les trois espèces : des inflammations causées par une accumulation de matériaux sous les bagues, des inflammations de contact et des doigts parfois pris dans les bagues.
Certains Mérions couronnés ont souffert d’inflammations causées par l’accumulation de matériaux sous les bagues. 269 adultes et 522 oisillons ont été bagués entre juillet 2005 et décembre 2010.
En six mois, à partir de juin 2008, des blessures ont été observées chez 11 mérions bagués depuis plus de deux ans, et 91 % de ces blessures étaient situées sur la patte munie des deux bagues plastiques : huit cas concernaient des femelles (dont six nicheuses) et trois des mâles (tous nicheurs). Les bagues ont été retirées et les matériaux qui s’étaient accumulés en dessous ont aussi été enlevés. Un oiseau avait perdu ses doigts, mais cinq ont survécu de 0 à 6 mois et six plus de 1,6 an après les interventions.
Le processus suivant a été observé chez un oiseau : un "bracelet" de toiles d’araignée s’était formé autour d’une de ses pattes et la serrait progressivement. D’autres éléments se sont ensuite agrégés autour. Ces accumulations s'observaient surtout sur la patte munie de deux bagues plastiques (18 cas), mais parfois aussi sur celle où était posée la bague "plastic-on-metal" (six cas). Les enflements et les blessures étaient plus graves quand la bague était bloquée, entraînant parfois la perte des doigts. Les raisons de ces accumulations n’ont pas été étudiées, mais le plastique pourrait produire davantage d'électricité statique que les bagues métalliques et donc agréger des matériaux. Les femelles utilisent des toiles d’araignées pour construire leur nid, ce qui explique pourquoi elles sont plus touchées que les mâles.
101758
Accumulation de matériaux sous une bague en plastique ayant provoqué un enflement sur cette patte de Mérion couronné (Malurus cononatus).
Photographie : Michael Griesser et al / PLOS ONE
Problèmes constatés : inflammations de contact

L’Acanthize mignon fait partie des espèces supportant assez mal les bagues en plastique. Les oiseaux étudiés en Tasmanie ont donc été munis d’une bague "plastic-on-metal". 117 oiseaux ont été équipés 'une bague en plastique et d'une bague "plastic-on-metal" en décembre 2009 et 197 entre octobre et décembre 2010. Si les oiseaux recapturés en octobre 2010 ne présentaient pas de signes de réaction inflammatoire, ceux repris entre novembre et décembre 2010 montraient une infection au niveau de l’articulation entre le tibia et le tarse causée par des frottements avec la bague plastique : il est probable que ce soit lié au mode d’alimentation particulier des acanthizes de Tasmanie, qui passent beaucoup de temps suspendus dans les branchages pour chercher des insectes, alors que les oiseaux du continent se perchent de façon plus "classique". Du fait de cette technique de nourrissage plus acrobatique, la bague plastique placée au-dessus de la bague "plastic-on-metal" est en contact régulier avec l’articulation, ce qui peut provoquer des inflammations. Le poids important de la bague "plastic-on-metal" pourrait en outre augmenter la pression sur l’articulation. Dans un cas, la bague plastique s’était déplacée au-delà de l’articulation et s’était coincée au niveau du tibia, d'où l’importance de choisir des bagues d’une taille adaptée.
À partir de la mi-décembre 2010, juste après que ce problème ait été signalé, les biologistes ont commencé à recapturer les oiseaux et à retirer les bagues en plastique chez 78 d’entre eux. Certains avaient les pattes enflées et présentaient une accumulation de matériaux (non identifiés) comme chez les Mérions couronnés. Après la session de recaptures d’avril 2011, les biologistes ont observé deux autres oiseaux (sur 20) avec des pattes enflées. Au total, sur les 314 oiseaux bagués entre décembre 2009 et décembre 2010, 1 % avaient perdu un membre et 2 % avaient les pattes enflées. Par contre, aucun problème n’a été détecté chez les oiseaux de la population côtière de Nouvelle-Galles du Sud (113 oiseaux munis de trois bagues en plastiques de couleurs).

Problèmes constatés : doigts pris dans la bague

Les petits oiseaux sont souvent bagués avec des bagues plastiques fendues ("split ring") qui tombent quand ils essaient de l’enlever. Les oiseaux plus grands sont classiquement munis de bagues ajustables ou enveloppantes ("wrap-around") plus difficiles à retirer, et leurs doigts peuvent rester emprisonnés s'ils ne parviennent pas à s'en débarrasser.
Des bagues plastiques colorées enveloppantes ont été utilisées sur des Mésangeais imitateurs : sur les 285 oiseaux bagués suivis durant l’été 2011, 17 avaient réussi à se débarrasser d’une ou deux bagues (alors qu’elles étaient fermées par de la colle glu). Mais quand ils n’avaient pas réussi à les retirer totalement, leurs doigts pouvaient rester pris. Deux Mésangeais imitateurs s’étaient blessés à cause de leurs bagues plastiques : un avait perdu un doigt et l’autre présentait une infection mineure sous la bague et n’a pas pu utiliser son doigt plus d’un an après que la bague ait été retirée. Un tiers des mésangeais présentait des abrasions mineures au niveau des pattes pas forcément dues aux bagues.
101759
Les doigts de ce Mésangeai imitateur (Perisoreus infaustus) sont partiellement emprisonnés dans cette bague "wrap-aroound' après avoir essayé de la retirer.
Photographie : Michael Griesser et al / PLOS ONE
Problèmes constatés : bords écrasés/déformés des bagues métalliques
Deux types de problèmes ont été rencontrés chez les oiseaux munis de bagues métalliques : des bords déformés ou aplatis compressant la patte et des bagues trop petites causant des inflammations.
Quand deux bagues métalliques sont posées l’une au-dessus de l’autre, leurs bords peuvent être aplatis/déformés, comprimer la patte et provoquer des blessures. Entre septembre 2007 et avril 2008, en Nouvelle-Galles du Sud, les biologistes ont équipé 20 Acanthizes mignons avec deux bagues en aluminium anodisé : en août 2008, ils ont observé des déformations de bagues chez tous les oiseaux. Leurs bords étaient recourbés vers l’intérieur, compressant la patte. Le problème est encore plus prononcé quand une bague en aluminium souple est placée au-dessus d’une bague en magnésium.
Tous les oiseaux ont été recapturés en septembre 2008 et les bagues en aluminium ont été remplacées par des bagues en plastique au-dessus et une bague en aluminium colorée plus bas.
Problèmes constatés : bague métallique trop petite

Ce problème a été rencontré chez des Mérions couronnés qui étaient initialement munis de bagues de type 01. Parmi les 90 oiseaux bagués entre le 29 juillet et le 11 septembre 2005, 4,4 % (quatre mâles) présentaient des enflements à la base des bagues le mois qui a suivi leur baguage. Quand les bagues ont été retirées, leurs pattes ont rapidement guéri. Les mâles ont survécu en moyenne 2,7 ans après leur blessure. Six oiseaux blessés n’ont pas pu être capturés. Chez les autres, les bagues de 01 ont été remplacées par des bagues de type 02. Poser des bagues plus grandes a nettement diminué le nombre de blessures : durant les cinq ans qui ont suivi l’étude, seul un mâle sur les 460 munis de bagues du type 02 était blessé.
101760
Bague en aluminium partiellement aplatie posée sur une patte d'Acanthize mignon (Acanthiza pusilla).
Photographie :Michael Griesser et al / PLOS ONE
Une bague intéressante, la "plastic-on-metal"
Différentes études ont montré que plusieurs espèces d’oiseaux, dont l’Acanthize mignon, toléraient plus ou moins les bagues en plastique : des infections allant jusqu'à entraîner la perte de doigts ont été observées. L’origine de ces infections n’est pas claire mais l’impossibilité pour l’oiseau d’enduire totalement sa patte des sécrétions de sa glande uropygienne pourrait augmenter le risque. Les biologistes ont donc été invités à n’utiliser que des bagues métalliques (numérotées ou anodisées) en position inférieure, au contact avec les doigts. Toutefois, la couleur de ces bagues en aluminium anodisé peut s’estomper en deux ans, empêchant le repérage et l’identification de l’oiseau. Des ornithologues ont été autorisés à tester un nouveau modèle, appelé "plastic-on-metal" : la bague plastique est collée sur une bague métallique et n’est donc pas en contact direct avec la peau de l’oiseau.
Pour les fabriquer, il faut une bague en aluminium d’une taille appropriée pour l’oiseau (des bagues métalliques de 2 mm de diamètre interne produites par la société Porzana ont été utilisées dans le cadre de cette étude) : elle doit être légèrement plus longue que la bague en plastique pour éviter que cette dernière ne touche la patte. Une bague plastique colorée au diamètre interne légèrement inférieur au diamètre externe de la bague métallique est aussi nécessaire (des bagues fendues avec un diamètre interne de 2,7 mm fabriquées par la société AC Hughes ont été utilisées dans cette étude). Les autres accessoires nécessaires sont une spatule, une pince à baguer et de la colle forte (avec un temps de séchage de 10 à 20 secondes).
Il faut poser ce type de bague sur la patte avant que la colle ne durcisse car sinon la partie plastique se brise quand on referme la bague avec la pince.
Avec ce type de bague, il est possible d’utiliser toutes les combinaisons des couleurs des
bagues plastiques. En dehors de la glu, un adhésif plastique peut également être utilisé.
101761
Bague "plastic-on-metal" (rouge) sur une patte d'Acanthize mignon (Acanthiza pusilla).
Photographie : Michael Griesser et al / PLOS ONE
Conseils généraux pour limiter les problèmes dus au baguage

Des conseils utiles sur les bonnes pratiques du baguage sont disponibles sur le site web Euring, mais il serait intéressant de créer un lieu d’échanges d’expériences et de recenser les problèmes déjà rencontrés pour éviter qu’ils ne se produisent. Il est utile de créer des tableaux recensant la fréquence et la sévérité des problèmes en fonction des espèces.
Les bagueurs devraient vérifier régulièrement les pattes et les doigts des oiseaux qu’ils étudient pour détecter d'éventuels problèmes : heureusement, seule une très petite proportion d’entre eux développera des blessures sérieuses. Certains problèmes n’apparaissent que plusieurs années après le baguage, rendant difficile l’identification de la cause du problème, et lorsque les études se déroulent sur une courte période, les problèmes peuvent passer inaperçus.
Si vous posez une bague plastique, il faudra surveiller votre sujet d’étude, surtout s’il s’agit d’un oiseau supportant assez mal ce matériau comme c'est le cas des acanthizes (genre Acanthiza), des "gobemouches" (genres Tersiphone, Mionectes, Empidonax, Ficedula, Muscicapa, Hypothymis…), des mérions (genre Malurus), des cossyphes (genre Cossypha), du Hihi de Nouvelle-Zélande (Notiomystis cincta) ou de petits limicoles (genres Calidris, Actitis et Charadrius).
Des essais préalables sur quelques oiseaux pourraient vous indiquer si l’espèce que vous voulez étudier supporte bien les bagues en plastique, mais il sera difficile d'en tirer une conclusion car les problèmes peuvent varier selon les individus et les régions.
Il existe des solutions pour régler la plupart des problèmes : utiliser une bague métallique colorée à la place d’une bague plastique, poser une bague plus grande, utiliser une colle différente… Il est en tout cas important d'agir car la gêne ou la souffrance des oiseaux peuvent fausser les résultats des études : par exemple, chez les mérions l’accumulation de matériaux sous les bagues perturbe les femelles nicheuses, ce qui peut gêner leur nidification. Une étude récente menée sur les Manchots royaux (Aptenodytes patagonicus) a montré que les bagues métalliques ("flipper bands") placées à la base de leurs ailes diminuaient leur taux de reproduction de 39 % et leur taux de survie de 16 %. Il faudrait donc multiplier les études pour évaluer les effets à long terme des techniques de baguage.
Il est coûteux de recapturer un grand nombre d’oiseaux pour remplacer ou retirer des bagues, il est donc plus simple d’utiliser dès le départ la meilleure solution.
101762
Le Hihi de Nouvelle-Zélande (Notiomystis cincta) supporte mal les bagues en plastique (fréquentes infections).
Photographie : Duncan Wright / Wikimedia Commons
Attention aux bagues trop petites

Une bague trop petite comprime la patte de l’oiseau et peut provoquer une inflammation ou un enflement. Chez les Mérions couronnés, le choix de bagues plus grandes a permis de réduire fortement les blessures. Il est donc conseillé de choisir des bagues d’une taille adaptée à l’espèce et laissant suffisamment d’espace libre entre la patte et les bords de la bague. L’espace libre recommandé peut représenter selon les espèces entre 6 et 40 % du diamètre interne de la bague : chez les troglodytes par exemple, 6 % est un chiffre trop faible tandis qu'un pourcentage de 18 % est idéal. Plus généralement, pour les petites espèces, un espace libre de 15 % est suffisant. Mais attention, une bague trop grande peut glisser et des matériaux peuvent s’y accumuler. Pour les grandes espèces, un espace libre de 15 % sera trop important, leurs doigts pouvant se coincer.
Que faire pour éviter l'accumulation de matériaux sous les bagues ?
L’accumulation de matériaux (toile d’araignée, excréments, squames…) peut provoquer des problèmes. Ce type de phénomène semble se produire plus souvent avec des bagues en plastique (PVC ou Celluloïd), peut-être à cause de l’électricité statique générée par celles-ci.
Il est donc conseillé de changer de matériau : on peut remplacer les bagues plastiques par des bagues métalliques (qui pourront être colorées) ou utiliser une bague métallique bicolore, une solution qui s'est montrée efficace chez le Mérion couronné et chez le Moucherolle des saules (Empidonax traillii).
101763
Mérions couronnés (Malurus coronatus) bagués.
Source : Australian National University
Que faire pour éviter les inflammations de contact ?

Il s’agit d’un problème observé à plusieurs reprises avec les bagues en plastique, certaines espèces supportant assez mal ce matériau. Certains individus et certaines populations sont plus au moins sensibles, peut-être à cause de différences génétiques, d’habitat et/ou de comportement. Il serait d’ailleurs intéressant d’essayer de mieux comprendre ces différences d'acceptation.
Il est conseillé d’utiliser des bagues métalliques, par exemple en magnésium anodisé, la meilleure alternative certainement. En effet, contrairement aux bagues en aluminium, celles en magnésium sont plus résistantes et leurs bords ne risquent donc pas de se déformer ou de s’aplatir. La bague "plastic-on-metal" constitue aussi une alternative possible.

Alternatives aux bagues colorées en plastique


Que faire pour éviter les doigts coincés dans les bagues ?

Ce problème a été observé avec les des bagues ajustables/enveloppantes ("wrap-around") en plastique, mais aussi avec des bagues fendues "split ring"). Des oiseaux bagués pesants de 35 à 116 grammes ont eu leurs doigts coincés. Les grandes espèces ont des becs puissants et ils peuvent généralement se débarrasser de leur bague, mais s’ils n’y parviennent pas totalement, leurs doigts peuvent rester emprisonnés.
Chez les oiseaux au bec puissant comme les geais ou les pinsons, il est conseillé de coller (avec un adhésif comme le Hard Plastic Adhesive de Bison) les deux extrémités des bagues enveloppantes pour éviter que les oiseaux ne s’y coincent les doigts. On peut aussi utiliser un ciment solvable pour souder les bords des bagues en PVC et minimiser le risque de mettre de la glu sur les doigts du bagueur ou sur l’oiseau.
Utiliser des bagues enveloppantes avec davantage de chevauchement (2,5 au lieu de 1,8 à 2,0) réduit aussi le risque.
Une bague plastique fendue ("split ring") a moins de chance de rester coincée sur la patte si l’oiseau tente de la retirer. Les bagues en PMMA sont plus rigides que celles en PVC et ont donc moins de risque être retirées.

Que faire pour éviter les bordures écrasées/déformées des bagues métalliques ?

Si deux bagues métalliques sont posées l’une au dessus de l’autre, leurs bords peuvent s’écraser et blesser la patte : c’est notamment le cas quand une bague souple en aluminium est placée sur une bague rigide en magnésium. Les bagues en aluminium peuvent aussi progressivement s’aplatir et leurs bords devenir acérés. La pose de deux bagues métalliques sur la même patte est donc interdite dans certains pays.

Le bien-être des oiseaux avant tout

En conclusion, il est important de se préoccuper du bien-être des oiseaux bagués, non seulement pour que les résultats des études ne soient pas biaisés par des comportements anormaux causés par leur gêne ou leur douleur, mais tout simplement par respect.

mincheneaujack
13/06/2015, 16h37
Plus jeune j'accompagnais une personne agrée par le muséum de Paris , après la pose de nichoirs pour les mésanges charbonnières on visitait les nids pour les recenser ,on pesait les oisillons ,on les mesurait puis pour finir on les baguait tout cela pour étudier la migration de ces oiseaux cela me plaisait bien et était pour moi très intéressant il était pas rare que des oiseaux bagué en Maine et Loire nous était signalé en Espagne ou Afrique du Nord il y a une bonne quarantaine d'années tout ça me rajeuni lol

fethi d'alger
13/06/2015, 16h44
ravi pour toi jack que tu retrouve tes bonnes souvenirs :wyes: